On a eu la chance de partager un déjeuner avec Vincent Roux, l’une des têtes nantaises très connues dans l’écosystème pour être un entrepreneur multirécidiviste et multi-casquettes !
Vincent et ses projets entrepreneuriaux
Après un rapide tour de table, il nous raconte son parcours entrepreneurial précoce : il commence en 2ème année d’école de commerce. Après son stage de césure chez Capgemini, il se rend compte qu’il ne rentre pas dans le moule des entreprises du CAC 40, qu’il a envie de liberté et qu’il a une passion pour internet très développée. Il lance donc sa première boite en 2001 avec laquelle il vend de la création de sites web. Sa boite s’appelle ARTISS : pour l’anecdote sympa, le nom a été choisi pour être bien référencé sur les pages jaunes, c’est dire qu’il s’agissait d’une autre époque !
Même s’il s’assure d’obtenir son diplôme, il développe Artiss, recrute des collaborateurs, l’affaire fonctionne. En 2005, il rencontre Arnaud Chaigneau et Séverine Pirault et décident ensemble en 2009 de fusionner leur boite respective en gardant le nom Intuiti. En 2013, Vincent prend le lead sur les opérations et assure une belle croissance. La société, qui a lancé de nombreuses marques connues, a été vendue il y a 1 an et demi avec une cinquantaine de salariés et une base clients impressionnante. Chez Intuiti, Vincent dit qu’il a tout traversé : l’euphorie, la complicité, l’apprentissage, les conflits, la déprime !
Avant la vente de la boite, il avait déjà lancé, avec le Groupe IDEA, un autre projet de solution digitale pour augmenter le taux de remplissage des transporteurs, la société Fifty Trucks, qu’il a vendue 2 ans plus tard à la bourse de frêt national.
Il s’engage ensuite auprès de 3 autres cofondateurs dans l’aventure O°code, une technologie qui permet d'authentifier et suivre les interactions avec n’importe quel objet tout au long de sa vie. Il quitte les opérations d’O°code fin 2022 pour un projet qu’il avait à l'esprit depuis quelques temps : s’occuper de la santé des dirigeants.
En parallèle de cette carrière entrepreneuriale, il a participé à l’émergence de La Cantine en 2007, vient de quitter la Présidence du Réseau Entreprendre Atlantique, a participé à la création du startup studio nantais Imagine Machine. Il est également investisseur indépendant à ses heures perdues, pour l’effet miroir dit-il, et rester éveiller.
Encore un déjeuner et une personnalité hyper inspirante dont on vous retrace, comme d'habitude, les grandes lignes abordées ci-dessous !
Ce que l’on a retenu des échanges avec Vincent
A la question de connaître le fil rouge de son expérience, il répond sans hésitation : les rencontres. C’est probablement la raison pour laquelle il a pris la présidence du Réseau Entreprendre, qu’il a participé à La Cantine, Imagination Machine, etc. D'ailleurs, si ce sujet t’intéresse particulièrement, inscris-toi au prochain NovaTalk le 21 mars 2023 sur le thème : “le réseau comme accélérateur de business”. :)
Après une longue description de son expérience, il dit de lui-même avec beaucoup d’humour : “je ne suis pas structuré et pas structurant, je suis plutôt fort en foisonnement, en séduction, j’aime embarquer les gens”. Il ajoute aussi “je suis aussi très structuré sur les conneries à ne pas faire, car j’ai tendance à les répéter à chaque fois !”
Une fois n’est pas coutume, on va donc lister ici les erreurs à ne pas commettre selon Vincent !
1/ Ne pas sortir un produit avant qu’il ne soit parfait
Il reprend la fameuse citation de Reid Hoffman (fondateur de Linkedin) “si tu n’as pas honte de ton produit, c’est que tu l’as sorti trop tard”. De son côté, Vincent ne peut pas supporter d’avoir honte vis-à -vis de son premier client. Il veut le produit parfait. Il se disperse dans la recherche de fonctionnalités, typiquement ce qu’il ne faut pas faire !
2/ Confondre la vision et les premières marches
Il prend l’exemple de O°code pour illustrer ce propos : “La vision d’O°code est de créer une communauté de confiance anonyme”, et étonnamment, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut accepter le fait que les premières marches soient vulgaires et surtout que le parcours n’est pas linéaire.
En parlant des débuts, Vincent mentionne d’ailleurs son aversion pour les études de marché. Il n’en a jamais fait et pense fermement qu’elles sont un frein à l’innovation. Il faut “simplement” trouver la bonne manière de faire et celà, on le trouve en faisant des études de besoins, des interviews et pas avec des études de marché.
3/ Recruter soi-même avec le feeling
Vincent s’est planté un certain nombre de fois sur le recrutement. Il pense même aujourd'hui que si le feeling est trop positif en entretien, c’est problématique. “Il ne faut pas chercher une personne avec qui tu pourrais partir en vacances”, dit-il !
Désormais, il passe systématiquement par un cabinet pour éviter de manquer un recrutement, ce qui est beaucoup plus coûteux que les frais de cabinet. La réussite d’un projet tient aux gens qui le mènent.
4/ Prendre trop de recul opérationnel
C’est une erreur que Vincent dit avoir commis chez Intuiti. Au fur et à mesure que la boite a grandi, il a donné beaucoup d’autonomie à ses équipes et a trouvé cette position plutôt confortable. Il avoue, avec du recul, que ça s'apparente à de la feignantise : même si l’autonomie est indispensable, il faut continuer de suivre les opérations pour continuer à insuffler sa vision. Vincent a pris pour habitude de rencontrer chaque collaborateur recruté, même pour un café, pour s’assurer de son niveau d’information sur la vision de l'entreprise.
5/ Ne pas savoir rebattre les cartes quand des collaborateurs ont atteint leur plafond de verre
Tout au long de la vie de l’entreprise, certaines personnes qui avaient un rôle crucial au début de l’aventure peuvent être dépassées par les nouveaux enjeux. A chaque étape, il faut remettre en cause chaque poste clé faute de quoi ces personnes peuvent devenir un frein au développement.
6/ Ne pas prendre soin de soi en tant que dirigeant
Vincent sait pertinemment que le dirigeant a toujours tendance à se malmener en pensant qu’il ne peut pas faire autrement. Au regard de la pénibilité de ce métier, il lance aujourd’hui son centre de santé pour dirigeant. Trop de ses homologues ont écouté des signaux ou des avertissements trop tard.
Le meilleur conseil pour un dirigeant c’est de ne surtout pas se compromettre sur le sommeil : il faut minimum 7h. Le manque de sommeil entraîne beaucoup trop d'effets négatifs: la malnutrition, l'augmentation du stress (la charge mentale diminue pendant le sommeil) et le stress implique la recherche de doudou que sont le gras, le sucre, le tabac ou l’alcool par exemple.
Le second conseil est de pratiquer une activité sportive : tu verras que Vincent s’y tient, tu n’arriveras pas à l’inviter à déjeuner un mardi ou jeudi midi, c’est réservé pour son coach sportif !