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6/3/2024

Podcast #3: Levée de fonds avec un pool d'investisseurs - le REX de Jacques LEVY-VEHEL de Case Law analytics

Partage d'expérience avec Jacques Lévy Véhel, fondateur de Case Law Analytics

Chers auditeurs/lecteurs, nous voilà rendus au 3ème épisode de Podcast de Novapuls, j’ai le plaisir aujourd’hui d'accueillir Jacques Lévy-Véhel, le fondateur de l’entreprise Case Law Analytics. Il va nous livrer son retour d’expérience sur sa levée de fonds.Peux-tu nous dire quelques mots à propos de ton projet?

“Case Law Analytics est une startup qui est issue de la recherche publique, de l’INRIA. Nous utilisons l'intelligence artificielle pour aider les professions juridiques à quantifier les divers aléas qui se rencontrent dans le domaine du droit et en particulier l’aléas contentieux. Si on va au tribunal, on est pas sûr de la décision qui sera prise. Grâce à l’intelligence artificielle, on modélise la manière dont les magistrats prennent leurs décisions et on est capable de restituer l’ensemble des issues possibles sur un dossier donné.”

Qui sont les clients de Case Law Analytics?

“C’est uniquement du B2B. Nos clients sont des professionnels du droit: essentiellement des avocats, des assureurs, des directions juridiques, éventuellement des huissiers, des experts comptables, et tous les gens qui ont besoin d’évaluer, de provisionner leurs risques en cas de contentieux.”

Tu as clôturé ta levée de fonds en juillet dernier. Peux-tu nous donner le montant de ta levée de fonds et nous dire avec qui tu t’es associé?

“Nous avons levé 2 millions d’€ auprès de 5 investisseurs. Mon souhait c’était aussi bien d’avoir des investisseurs (nb. fonds d'investissement) que des institutionnels car chacun apporte son expertise. Le fonds d’investissement a une expertise financière bien évidemment. Les entreprises qui peuvent nous accompagner et éventuellement être nos clients nous apportent une expertise métier. C’est important d’avoir un équilibre entre les deux. Nous sommes aussi une société nantaise et je voulais largement favoriser des locaux. On a pris le temps qu’il fallait pour atteindre cet objectif, c’était assez long d’ailleurs. Finalement j’ai réussi à obtenir  le tour de table que je voulais. Nous avons trois investisseurs locaux qui sont: Sodero Gestion, Siparex et un club qui s’appelle Bamboo (un club d’entrepreneurs nantais qui ont réussi). Puis ensuite ont investis Alliance qui est l’un de nos principaux clients, et la Chambre Nationale des Commissaires de Justice (huissiers de justice auparavant). Ces institutions nous apportent aussi bien une légitimité que des perspectives sur les outils à développer car ils sont potentiellement d’importants utilisateurs.”

Peux-tu nous en dire plus sur ton plan d’action et comment tu comptes dépenser ces 2 millions d’€?

“Nous avons levé des fonds essentiellement pour nous développer à l’international. Nous faisions un chiffre d’affaire raisonnable qui nous permettait de tenir sur le marché français. Nous commençons à avoir des demandes assez précises dans d’autres pays surtout européens comme par exemple la Belgique, l’Allemagne ou le Portugal. Notre activité peut facilement se dupliquer sur la partie intelligence artificielle mais sur la partie droit  c’est spécifique à chaque pays, même s’il y a évidemment des points communs. Il y a donc un investissement assez massif pour refaire ce que l’on a fait en France en Allemagne. En France nous avions pu le faire car nous sommes issus de la recherche française. Le gros du travail avait été fait quand j’étais à l’INRIA.  Nous étions en quelque sorte incubés par l’INRIA. Pour développer l’outil dans les autres pays il va y avoir une phase de développement assez longue et coûteuse que nous ne pouvions pas faire sur fonds propres.  La levée de fonds couvre à 90 % ces dépenses d’internationalisation.”

En tant que legal tech, Case Law Analytics est vouée à un avenir plutôt prometteur, on pourrait penser que 2 millions d’€ est une levée de fond plutôt faible, est ce que vous auriez pu lever plus ou alors c’était un choix de lever cette somme?

“On aurait effectivement pu lever plus. Il y a eu des levées de fonds plus élevées dans la legal tech. Je crois toutefois que la moyenne des levées dans ce domaine se situe autour des 500 000 €. Nous sommes tout de même au dessus. Dans des boîtes comparables à nous c’est plutôt entre 1 et 3 millions. On est plutôt dans la moyenne même si plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi tu n’as pas levé plus? Nous avons fait notre business plan de façon assez rigoureuse. On a vu de quoi on avait besoin pour aller à l’international. On a vu qu’avec 2 millions on s’en sortait. Pour moi, ce n’est pas une finalité en soi de lever des fonds. Il est possible qu’on ait besoin de lever de nouveau d’ici 2 ans. Cela arrive souvent. Si c'est le cas, on le fera. On avait pas envie de lever plus que ce dont on avait besoin .On a géré en bon père de famille, on va dire.”

Tu as mentionné un temps assez long pour ta levée de fonds. Combien de temps ça t’a pris?

“Cela a pris assez longtemps car j’avais des exigences assez fortes sur qui je voulais. Comme on a gagné plusieurs concours, on était dans la liste des startups dans lesquelles investir dans divers classements. On a été contacté par pas mal de fonds parisiens et internationaux avec qui je n’avais pas envie de travailler pour des raisons essentiellement éthiques. Donc nous avons eu besoin de plus de temps. Cela a pris, je dirais, à peu près 9 mois.”

Comment pourrais-tu qualifier ton expérience de levée de fonds en 3 mots?

“Je dirais déstabilisant : on te pose des questions auxquelles tu n’es pas préparé et on te pose des questions qui ne sont pas très pertinentes parfois. C’est aussi chronophage, ça je pense que c’est l’expérience d’un peu tout le monde. Et je dirais que c’est également instructif: c’est un peu le pendant de mon premier point. Les questions qu’on te pose t’incitent à te redéfinir et à éclaircir les choses dans ta tête.  Une levée de fonds, ce sont d’abord des fonds, bien sûr, mais c’est aussi les contacts que tu te fais et les liens que tu tisses. Nous avons tissés des liens très utiles avec nos investisseurs au delà de l’argent. C’est donc très utile car cela t’oblige à te poser des questions et à savoir ce que tu veux faire.”

Si c’était à refaire, ferais-tu les choses différemment? Est ce que tu as des conseils à donner à tes pairs entrepreneurs?

“Faire différemment…. Je m’y prendrais peut être un peu plus tôt pour prendre un peu plus de temps même si 9 mois c’est long. On a été très pressé car on a voulu boucler la levée de fonds avant l’été sinon on était reparti. A la fin c’était un peu le rush.Des conseils alors là vraiment pas… Chaque situation est différente. Quand tu veux lever des fonds en général et quand tu crées une startups tu as toujours des millions de personnes qui veulent te donner des conseils. Donc mon conseil serait de ne pas écouter les conseils ! Ou bien de les écouter tout en sachant que si tout le monde te dit de faire quelque chose, tu trouveras toujours quelqu’un pour te dire le contraire. Il n’y a pas de règles: il faut suivre son intuition. A la fin c’est au patron de la boîte de décider. Après, peut être que dans 2 ans on sera dans le mur en suivant ça mais au moins j’aurais fait ce que j’avais envie de faire. Si on se plante en suivant les conseils de quelqu’un finalement on a jamais été au bout de sa propre aventure et c’est comme ça une start up : c’est une aventure personnelle. On la mène en écoutant les conseils des gens mais les écouter ça ne veut pas forcément dire les suivre. Il ne faut donc pas suivre mes conseils non plus !”

Belle conclusion ! Est ce que tu as des choses à rajouter ?

“Pour nous ça a été très important d’être incubés ici, chez Novapuls. Cela nous a énormément aidé à exister. C’est un monde assez dur de monter une startup, on se bat énormément. La bienveillance d’Amélie et de toute l’équipe nous a permis de recharger les batteries. On  a aimé tout ce qui a été organisé: notre rencontre avec l'investisseur Bamboo a été rendue possible par Novapuls. Novapuls nous ouvert pas mal d’opportunités: par exemple on a eu un contrat avec les Chantiers de l'Atlantique parce qu'Amélie m’a fait rencontrer l’une des personnes en charge de l’innovation. Énormément de choses ont été créés grâce à l’environnement Novapuls, et le café y est pas mal!”

Merci Jacques pour ce bel épisode Podcast :)

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