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6/3/2024

Podcast #5: Comment convaincre des investisseurs et innover dans le secteur de l'assurance ? le REX de Bertrand Favre de Yakman

Partage d'expérience avec Bertrand Favre, fondateur de Yakman

Bonjour à tous !On vous retrouve pour le 5ème podcast de Novapuls en présence de Bertrand Favre, le fondateur de Yakman. Il a clôturé sa levée de fonds en mars dernier en plein Co-vid.

Bertrand, peux-tu te présenter toi et ton projet en quelques phrases?

J’ai un parcours école de commerce. Quand j’en suis sorti, j’ai créé une première entreprise dans le domaine de l’emploi. J’ai ensuite découvert par hasard le monde de l’assurance, j’ai travaillé pendant 3 ans chez Allianz à Paris dans un métier de service (rapatriement médical par exemple).

Je suis ensuite arrivé à Nantes où j’ai fondé Yakman avec un associé qui n’est plus opérationnel dans la société.

Yakman apporte une solution différente dans le domaine de l’assurance.

Tu as levée des fonds en mars dernier, peux-tu nous donner le montant de cette levée de fonds et nous dire avec qui tu t’es associé?

J’ai démarré l’opération en mars et je l’ai clôturé en avril en plein milieu du confinement.

Opération originale pour toutes les personnes qui étaient autour de l’écran au lieu d’être autour de la table. Que ce soient les avocats ou les investisseurs, personne n’avait jamais expérimenté une signature électronique à 100%.

On a levé 250 000 € avec 5 investisseurs : 2 investisseurs corporate/industriels ( Pays de Loire Développement et Groupama Loire Bretagne, la caisse régionale de Groupama) puis 3 Business Angels tous relativement proches du secteur dont un courtier en assurance et un acteur qui fait du conseil pour des institutions financières.

Notre tour de table n’a pas bougé entre le début du confinement et le jour du closing. Nous n’avons pas eu de rétractation d’investisseur, pas de renégociation sur la valorisation, on a eu la chance d’avoir des investisseurs très fidèles.

Combien de temps t’a pris cette levée de fonds?

Le sujet de levée de fonds date : on a mis un certain temps à trouver notre modèle, on a fait un pivot. dans le fond, je pourrais dire que ça a duré 18 mois. On a eu un réel parcours du combattant. Le premier investisseur sur les cinq qui a signé nous a donné son accord un an plus tôt.

Est ce que tu peux nous dire pourquoi est ce que tu as levée des fonds et ton plan d’action pour la suite?

Nous faisons du financement participatif appliqué à la couverture de risques, à l’assurance.

On permet à nos partenaires qui sont des grands comptes de créer des produits de couverture innovants pour protéger leurs clients.

On met à leur disposition un outil qui fait la distribution de ses produits et toute la relation client. Ca leur permet, en marque blanche, à leur couleur, de créer des produits innovants pour protéger leurs clients.Comme nous sommes dans une logique de vente à des grands comptes, nous avons un sujet de cycle de vente assez long.

Nous avons également un sujet technologique car nous avons un outil  que nous devons déployer pour des partenaires et qui nécessite un investissement assez conséquent. L’objet de la levée de fonds c’est donc  de financer ces deux éléments là  et structurer l’équipe. Avant la levée on était à peine 3 personnes aujourd'hui nous sommes 8.

Nous avons pu financer le développement de notre premier partenariat avec la Caisse d'Epargne et finir l’investissement dans la partie technologique.

Tu as la particularité de t’être associé à des coporates, peux-tu nous donner les raisons qui ont guidé ton choix?

Au début on était 2 à avoir créé la société et dans le tour de table on a bien un corporate qui est rentrée, mais minoritaire.

Ils sont plutôt dans une logique qui consiste à mettre un pied dedans car le sujet les intéresse. Ca leur permet de suivre l’évolution du projet et de suivre  des tendances du monde de l’assurance qui est aujourd’hui un monde qui se dérégule.

Dans l’assurance il n’y a pas tellement d’innovation donc les assureurs en sont assez friands. On est d’ailleurs en train de voir avec eux pour une opportunité business. Plus que le côté industriel, les investisseurs avec lesquels nous nous sommes associés sont tous des régionaux.

On est un acteur aujourd’hui installé à Nantes, nos premiers clients partenaires sont également à Nantes. Nos investisseurs aussi. Pour cette première étape, c’était finalement bien de jouer un réseau et une carte locale. Cela permet d’avoir des interactions beaucoup plus rapides.

Avoir un acteur du secteur dans son actionnariat c’est aussi une caution morale. Ca prouve qu’on apporte au marché un produit qui intéresse des acteurs qui sont présents depuis des décennies.

Est ce que tu pourrais essayer de qualifier ton expérience de levée de fonds en 3 mots?

Longue, douloureuse mais gratifiante ! Longue c’est vrai que ça a été très dure. On est vraiment sur un modèle très en amorçage.

Quand je suis arrivé chez Novapuls j’étais tout seul. Quand je suis parti, on était 5. On a pivoté, on avait commencé par du B2C (Business to Customer) en partant on a changé pour du B2B2C (Business to business to Customer).

Ce sont les principales raisons expliquant la longueur du processus. Douloureux car parfois il faut s’accrocher, gravir des cols. A des moments on a envie de jeter l’éponge parce que c’est dur.

Mais gratifiant car on est content d’arriver au bout et le faire avec des acteurs qui nous ont fait confiance. Finalement les personnes avec qui on s’est associé  sont des acteurs que l’on connaissait déjà et qui sont tous arrivés soit directement soit par rebonds (une mise en relations qui a impliqué une autre mise en relation…)

Un investisseur lambda n’aurait pas pu investir dans notre entreprise sans avoir connu notre histoire et notre manière de faire les choses.

Les hommes qui constituent l’entreprise ont beaucoup joué dans ce tour de table. Ce ne sera pas pareil pour le prochain.

Est ce que tu envisages un second tour de table peut être plus géographiquement éloigné?

Oui bien sûr, nous sommes certains qu’il va falloir faire un second tour de table. On a un modèle qui est valable dans toute la France mais aussi dans toute l’Union européenne d’un point de vue règlementaire.

A terme, nous irons donc à l’étranger. Nous irons donc chercher de nouveaux investisseurs même si nous espérons que les investisseurs actuels pourront nous suivre. Il n’y aura pas de sujet car nous avons aujourd'hui beaucoup de prospects en région et à Paris.

Si c’était à refaire, est ce qu’il y a des choses que tu ne referais pas? Est ce que tu aurais des conseils à donner aux autres entrepreneurs qui se lancent dans une levée de fonds?

Sur le sujet du modèle, nous avons démarré en B2C puis basculé. J’ai l'impression que c’est un très grand classique ! Il est difficile de faire décoller une boite en B2C en levant 250 000€.

Ce sont des métiers qui consomment beaucoup de cash car il faut communiquer. Beaucoup de projets B2C ont la capacité de pivoter en B2B et trouver leur modèle, on en est un bon exemple. En B2B on peut faire les choses de manière plus progressive.

On aurait également du plus avancer du côté de nos partenaires clients ainsi que sur la partie expérience client. On a toujours eu des portes ouvertes chez les clients “c’est super votre solution” mais on est pas allé jusqu’au bout en se posant la question de la distribution.

Quels sont les éléments de langage qui font que le client adhère au produit ? Il faut donc bien penser à aller au bout du chemin en se demandant : comment le client achète?  

Et comment le partenaires le distribue? Pour la levée de fonds en tant que tel, il ne faut pas sous estimer la réalité : ça dure minimum 6 mois. Une levée de fonds ça se prépare.

Le plus important c’est d’avoir un premier investisseur puis de construire les marches les unes après les autres. Ne pas non plus négliger les ressources à y consacrer : bien s’entourer, avoir un bon avocat, un bon deck et des chiffres bien présentés.

Six mois avant la levée de fonds nous avons fait le choix de prendre un DAF (Directeur financier) à temps partagé pour préparer le compte de résultat pour qu’il rentre dans les cases d’un investisseur. Ca a surement fait la différence.

Bien s’entourer également dans l’équipe. Pour nous, chaque nouvelle personne qui intégre l’équipe accélère le timing. Ne pas s’appuyer que sur des personnes juniors aussi ça change la donne. Aujourd'hui nous sommes 8 et sur les 8 , il y a 3 personnes qui ont 5 à 10 ans de plus que moi.

Ca change tout en termes d’organisation interne c’est beaucoup plus confortable et plus efficace. C’est enfin très important d’embarquer les collaborateurs dans une vision.

On a réussi à débaucher 2 personnes de grands groupes. Je les trouve courageux dans un sens. Ils sont venus car la vision leur plaît  et ils ont envie de faire partie de l’aventure !

C’est un élément à ne pas sous estimer.

Merci beaucoup Bertrand ! Et à très bientôt avec Alexandre de My Bacchus !

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